Ado-naissante?

Qu’elle me semble révolue l’époque tranquille où tout coulait de source, toi l’enfant sage, obéissante. Rares étaient les fois où je devais lever la voix tant tout était facile.

Mais voilà qu’à nouveau les certitudes parentales s’ébranlent. Parfois, c’est simple je ne te reconnais plus.
Les tracas d’antan: « quel rituel instaurer ? A-t-elle assez tété ? Comment lui nettoyer le nez ?  » semblent à des années lumière de cette mini préadolescence dans laquelle je te vois t’ engouffrer nous rappelant une fois encore que dans le difficile équilibre parental, rien n’est jamais vraiment acquis.

Quelquefois boudeuse, haussant les yeux, pas franchement insolente, quoi que, je me sens étrangère face à cette demoiselle, ma fille, ma petite chérie.

Je te vois tenter de sortir du cadre, pousser les limites, à pas de loup, rire un peu plus fort, un peu plus faux face aux copains, copines et leurs parents, je te vois plonger dans d’inextricables conflits sur fond de: « elle a copié mon idée de club secret, elle a dit que j’étais nulle. Je ne veux pas de compote pour la récré, les autres disent que c’est pour les bébés ». Je te vois de plus en plus insistante pour avoir un téléphone, une tablette pour toi aussi aller sur Tiktok et Snap comme tes copines. Tu as 8 ans et demi. Hors de question. C’est simple et non négociable.

Je te vois t’éloigner de moi, freinant les câlins, les bisous, les petits mots doux, je te vois grandir et c’est peut-être bien ça le pire.

A savoir que rien ne dure, qu’il faut en profiter on a tendance à oublier qu’un beau jour les enfants aussi quittent le nid douillet qu’on leur a confectionné années après années.

Si je sais depuis longtemps que « tu es mon enfant mais que tu ne m’appartiens pas », j’espérais peut-être inconsciemment capturer et garder au plus profond de moi ces moments de douce enfance, chauds, réconfortants qui nous laisseraient à l’abri des tourments d’une adolescence qui peu à peu viendra s’installer.

J’imagine que pour toi non plus, rien n’est simple. Ce trop plein d’émotions que tu ne parviens pas à gérer, ces torrents de larmes et ces facheries entre nous. Je tiendrai bon ma puce, ton roc à toute épreuve tentant au mieux d’être présente, no matter what, maman consolante, maman à l’écoute, aucun doute.

On s’adaptera, comme à chaque nouveau défi, à chaque nouvelle étape, ceux qui vous font grandir, vous nos enfants.