« All I want for Christmas is you », « Last Christmas » et « Santa Claus is coming to town » en boucle depuis Novembre, films guimauve de Noël vus avec un plaisir non dissimulé, pulls arborant lutins, rennes et flocons : pas de doute possible, Noël approche. Mais on le sait, les fêtes auront un goût particulier cette année. Ah 2020, tu étais vraiment là où on ne t’attendait pas !( et quelque chose me dit que les mois à venir nous réservent encore leur lot de surprises…)
Noëls joyeux
J’ai toujours eu un rapport ambigu avec Noël et ses festivités, avec l’effervescence des fêtes de fin d’année, l’obligation sociale, le Réveillon du 31 Décembre auquel on ne peut déroger. Si souvent j’ai été invitée, souvent j’aurais voulu être évitée. Je n’ai jamais particulièrement affectionné les conventions établies, les repas qui s’étirent en longueur, les règlements de comptes entre le foie gras et la dinde avec Tino Rossi qui s’égosille sur la vieille chaîne Hi-Fi.
Les Noëls du temps où j’étais enfant sont ancrés dans ma mémoire : préparer les petits toasts pour l’apéritif dans la cuisine avec Mamie, mettre du vernis à ongles, attendre patiemment l’heure où les cadeaux auraient enfin été distribués et puis surtout, la famille, mon père encore parmi nous. Des souvenirs d’enfance, inaltérables, à me demander quand même pourquoi il fallait systématiquement être couchée pour que le Père Noël arrive et surtout comment il pouvait passer par la fenêtre alors qu’elle était fermée de l’intérieur.
Noëls gravés
Certains Noëls laissent quant à eux une trace indélébile. Il y a 10 ans, je découvrais non sans surprise que j’étais enceinte, conférant immédiatement une atmosphère magique et irréelle dans laquelle on se projetait pour le meilleur en cette période festive. J’ai adoré ce Noël où je ne pouvais ni boire de champagne, ni manger de foie gras ou de saumon fumé. Il neigeait, je devenais Maman, j’imaginais déjà le Noël suivant avec ce petit bébé qui viendrait combler notre foyer.
Mais la magie de Noël n’existe pas toujours et c’est sans bébé que le Noël suivant est arrivé. Je suis dévastée, je pleure dans la voiture avant d’aller fêter le réveillon. Fêter quoi ? On aurait dû être 3 et je me sens si seule face à ces gens qui font comme si rien n’avait eu lieu. Je n’ai pas le cœur à la fête, j’ai juste envie d’attendre dans un coin que la peine s’efface un peu. Esprit de Noël inexistant, je n’y crois plus et ne veux plus jamais y croire.
Evidemment, c’était sans compter les années qui allaient suivre où en (re)devenant Maman, j’allais prendre conscience de la magie des décorations en pâte à sel, des étoiles brillant en haut du sapin et surtout dans leurs yeux. Noël tradition sitôt supplanté par Noël sous pression : ne vous méprenez pas, la charge mentale ne prend jamais, jamais de pause. La trêve des confiseurs, elle ne connaît pas ! C’est dans cette atmosphère mi-figue, mi-raisin que 2019 s’est achevée, un peu dépassée, largement surmenée, j’ai fait ce qu’il y avait à faire sans entrain particulier, une case de plus à cocher sur ma to-do list maternelle.
Et 2020…
Aussi étonnant que cela puisse paraître (ou peut-être pas tant que ça si on prend la peine d’y réfléchir), l’année 2020 qui nous aura très certainement malmenés et fait sortir de notre zone de confort a aussi eu l’avantage non négligeable de nous ramener à l’essentiel… Du moins, c’est ce que j’ose espérer car si une crise de cette ampleur ne parvient pas à faire dévier certains de leur nombrilisme, j’ignore ce qu’il leur faudra de plus !
Nous vivrons un Noël atypique, nous le savons. Nous risquons aussi une 3ème vague toujours plus délétère mais ce que je choisis de retenir cette année, ce n’est pas tout ce que nous n’allons pas faire à l’identique mais plutôt comment nous allons faire en sorte de ramener un peu de magie là où les angoisses et les craintes ont pris place.
Alors que les années précédentes, je me contentais d’acheter un calendrier de l’Avent, j’ai décidé cette fois de le réaliser moi-même comme pour endosser un peu ce rôle de lutin du Pôle Nord qui viendrait égayer la vie de mes filles. J’ai pris le temps de réfléchir à ce qui leur plairait, j’ai pris le temps de confectionner ces petites pochettes cartonnées qu’elles ouvriraient émerveillées chaque matin. Tout simplement parce que cette année, j’avais envie, j’avais besoin de « faire », besoin de créer pour elles, faire corps avec une réalité qui nous échappe, ramener du sens dans une année qui n’en a guère eu.


Et puis pour aller encore plus loin dans la joie, j’ai pour la première fois adhéré (et adoré !) à la tradition de « Elf on the Shelf » (ce petit elfe qui vient passer l’Avent à la maison, en faisant chaque nuit une sottise) C’est bête à dire mais chaque jour commence en riant en découvrant les méfaits commis par Fripouille, comme s’il était nécessaire d’insuffler de la magie à nos vies, un peu de créativité, beaucoup d’harmonie en tentant d’atténuer sans jamais effacer l’année 2020 dont on se souviendra un moment.

Alors que l’année s’achèvera pour nous de la plus simple des façons : lui, elles et moi, je garderai en tête que cette année « pourrie » comme on l’a dit a eu le mérite de me faire apprécier chaque instant, à sa juste valeur.
Se préparer au pire, espérer le meilleur, prendre ce qui vient. Plus que jamais.
1 réflexion au sujet de “Magie: es-tu là ?”