Je n’en peux plus.
Voilà, c’est dit, les mots sont posés. J’ai longtemps refusé de le penser, de le dire, encore moins de l’écrire. Ça fait tache dans l’idéal de la mère parfaite, ça fait tache dans le monde de la bienveillance si joliment mis en scène sur les réseaux sociaux. Associée à ça la sacro-sainte culpabilité maternelle bien accrochée aux basques et on en arrive à une mère colère, une mère qui en ce moment crie bien plus qu’elle ne rit.
Je n’en peux plus d’être sollicitée quotidiennement depuis mi-Mars. Je n’en peux plus de devoir arbitrer les querelles entre sœurs, composer avec les humeurs de l’une, les attentes de l’autre. Marre de ne même pas avoir un moment off aux toilettes ou sous la douche, marre de les voir passer 15 fois devant un truc qui traîne par terre et ne pas avoir l’idée de le ramasser elles-mêmes. Marre de répondre aux mêmes questions 1 fois, 5 fois, 12 fois. Marre de n’être qu’une mère, marre de ne plus avoir un sommeil profond depuis 7 ans, marre de passer moins de 3 minutes assise quand j’essaie de boire un café parce que « Mamaaaaan je trouve pas mon livre ? Maman viens j’ai besoin de toi ! Maman tu peux venir m’essuyer ? » Bref. Je sature.
Et je m’en veux, pour toutes ces nuits sans sommeil où je touchais mon ventre en me demandant si cette fois j’irais au bout de la grossesse, pour toutes ces fois où j’ai mentalement jugé « ces mères ingrates qui se plaignaient ».
Mais merde, je ne suis pas un robot. Je prends sur mois depuis le confinement, l’école à la maison, la proximité, les angoisses, les peurs, les pleurs. J’ai donné le maximum. C’était peut-être trop.
Je ne sais pas où je trouverai la force si on doit rempiler en mode continuité pédagogique parce que là franchement je suis à bout. Mais on va faire comme à chaque fois, attendre que l’orage passe, on va se contenter du temps libre à partir de 21h jusqu’à 21h30 quand je me mets à préparer mes cours en maudissant le premier qui lâchera encore une vanne sur les profs, les vacances ou l’enseignement à distance.
De toute façon, les vacances quand t’as des enfants hein faudrait repenser le concept… On va juste se souvenir du goût du sel sur nos lèvres, du sable au fond des poches, de la gaufre au Nutella qu’on dévorait sur le port le soir.
Respirer. Gratitude. Respirer.
❤️
J’espere que tu trouveras un petit créneau pour prendre soin de toi
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