Humeurs

On s’était dit…

On s’était dit qu’en 2020 on serait là, on s’était dit qu’on ferait tous les « plus tard » avant qu’il ne soit « trop tard », qu’on vivrait pour de vrai, sans peur de l’impossible, qu’on vivrait grand.

Et puis le 19 s’est affiché partout devenant le nombre maudit, enchaînant avec lui une série d’interdits. On s’est trouvés confinés, cons finis sans pouvoir sortir, à télé-travailler du jour au lendemain, avec en bonus, si on était chanceux l’option « école à la maison ». Alors on a rangé de côté tous les « ah on aurait dû être là, ah j’avais prévu de faire ça ce weekend », les seules choses prévues étant de faire la même chose que la veille, on en a même oublié quel jour on était.

Alors on s’est pris à rêver qu’on aurait du temps, tellement de temps pour binge-watcher des séries, pour rattraper les livres qu’on n’avait jamais lus, pour faire du sport (ah ah), pour faire de la cuisine. On a vu déferler sur Instagram une vague de photos de pain fait maison et puis après, pour coller à l’actu une vague de masques en tissu cousus à la main, les apéros sont devenus virtuels, l’angoisse est devenue un peu plus réelle.

Tu t’en souviens toi de l’insouciance des doux soirs de printemps, coucher de soleil sur ciel rosé à imaginer les longues soirées d’été à chiller ? Tu t’en souviens du goût acidulé du mojito que tu aimes tant quand tout semblait si simple et évident ?
On a tenu bon, ou plutôt, on a tenu comme on a pu sans trop savoir où on allait. On s’est mis à espérer que l’après serait différent, que cette parenthèse nous obligerait à une pause réflexive sur nos vies. On a pris des nouvelles de certains amis perdus de vue, on a vu aussi le vrai visage des autres, on a compté les jours, on a dénombré les nouveaux cas, on a appris à compter sur soi.

63 jours sans quitter mon cocon. 63 jours reconvertie en prof virtuelle pour mes élèves, en maman prof pour mes filles. 63 jours que l’idée de retrouver un jour la vraie vie me terrifie autant qu’elle m’enhardit. 63 jours sans avoir fait de pain une seule fois (confinement raté je crois bien !), 63 jours à se souvenir de la vie d’avant, autant de nuits sans sommeil à penser à un avenir effrayant, une vie d’après telle qu’on ne l’aurait jamais imaginée.
Alors il faudra bien se faire violence, se faire confiance, mettre un masque sur son visage (mais c’est peut-être un peu ce qu’on faisait déjà tous avant, dans une société où on fait si bien semblant ?) et puis on se relancera des défis, parce que c’est la vie. On sortira de chez soi, ce sera déjà un grand pas. La vie reprendra mais différemment et on gardera en tête à chaque instant que l’impensable peut arriver, que les étoiles et les signes, on peut bien les guetter mais qu’au final, la seule issue c’est de vivre dans l’inconnu.

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