15 Octobre: en parler.

Aujourd’hui comme chaque 15 Octobre vous verrez peut-être un ruban rose et bleu apparaître sur les fils d’actualité de vos réseaux sociaux, les mots « paranges » ou « mamange » se détacher un peu plus du texte.
Aujourd’hui comme chaque 15 Octobre c’est la journée de sensibilisation au deuil périnatal.

Une journée de « sensibilisation » pour ne pas trop heurter quand même mais une journée pout faire reconnaître que ce deuil existe.

C’est un deuil qui existe,qui fait mal mais dont on ne parle pas ou trop peu parce que ce deuil est complexe et met mal à l’aise. Deuil d’un futur non vécu. Paradoxe de parents pleurant un enfant pas encore né.
Il a les traits d’une fausse couche, d’une interruption médicale de grossesse, d’une mort in utero entre autres et touche 7000 familles en France chaque année.

Le 15 Octobre c’est un peu le jour où l’on se sent légitime pour en parler, pour mettre en lumière cette peine, le seul jour de l’année où l’on sent qu’on peut s’exprimer sans mettre mal à l’aise nos proches.

Quand on est touché par un deuil périnatal, on s’y sensibilise toute l’année, on vit avec, on apprivoise l’absence mais ce qui est réconfortant et nécessaire c’est d’oser en parler autour de nous, quand on relaie des illustrations, des rubans bleus et rose.
On ne peut pas vous demander de comprendre la douleur par laquelle on est passé mais juste de respecter ce deuil si méconnu et difficile à appréhender, laissez nous le temps de parler de ce bébé qui pour nous a un prénom et une existence même si c’est difficile à accepter. Ce bébé que l’on a perdu quand on devient parange c’est le futur qu on avait imaginé qui s’envole.

Je me suis souvent demandé ce que j’aurais dit à une amie dans ma situation si je n’avais pas moi même été frappée par ce drame. Je n’en ai strictement aucune idée. Je ne le sais pas c’est vrai. Mais ce que je sais aujourd’hui c’est que vous pensez peut-être bien faire en disant:

« c’est la nature c’est comme ça !
 » tu es jeune tu en auras un autre !
« c’est pas comme si tu l’avais connu »
« imagine si tu l’avais perdu à terme ça aurait été pire »

Ces phrases ont un pouvoir destructeur que vous ne soupçonnez même pas. D’une part il revient à nier notre peine et à nier aussi l’existence de ce bébé qui a compté pour les parents qui l’ont perdu comme s’il y avait une échelle de la douleur, une gradation de la peine.

Oui, le deuil périnatal ce n’est pas un sujet facile à aborder. On évite le thème, un bébé mort, ce n’est pas très réjouissant on est tous d’accord sur ce point. On ne va pas pour autant se taire parce que nous, nous vivons avec, parce que nous avons du faire face à la plus cruelle des absences, à la plus injuste des disparitions. Il est temps de briser le tabou autour de ce deuil. Des familles souffrent, des « enfants d’après » auront un parcours de vie différent des autres et surtout, surtout: nous sommes parents. Le bébé n’est plus mais nous sommes parents du plus inconditionnel des amours.

Ce soir comme tous les 15 Octobre je leur serrerai la main un peu plus fort, je scruterai les étoiles un peu plus intensément parce que le 15 Octobre je m’autorise un peu plus à penser que j’ai 3 enfants.