Ça brûle un peu mais pas trop !

Rouen. Lubrizol. Seveso. Pendant quelques heures hier ces mots ont été en top tendance sur Twitter. Quelques heures seulement puisque ensuite le décès de Jacques Chirac a été annoncé. Et là, face à « la maison [qui] brûle », les médias ont décidé de « regarder ailleurs ».

Certes, nous rappeler qu’il adorait la tête de veau, les Corona en écoutant les témoignages de ses proches était fort intéressant mais nous, Rouennais, nous sommes sentis totalement abandonnés face à la pluie de pétrole qui s’abattait sur la ville.

Petit retour arrière… Hier matin, je me lève pour aller travailler, messages de mes collègues sur l’incendie en cours, questionnement légitime: que faire ? Devons-nous nous confiner ? Faut-il aller au lycée ? Pourquoi n’avons nous pas entendu les sirènes pour nous alerter ? Sur les chaînes d’infos, peu d’infos justement à ce sujet ! Seuls Twitter et France Bleue Normandie nous permettaient d’en savoir plus.

Ironie de l’histoire, un PPMS (plan particulier de mise en sûreté) est prévu le 15 Octobre dans les établissements de la région, le scénario retenu cette année étant: explosion de produits chimiques, on colle à l’actu les amis. Nous apprenons assez vite que les établissements scolaires (écoles,collèges, lycées, universités) ainsi que les crèches de Rouen et 12 autres communes seront fermés pour la journée, qu’il ne faut pas s’inquiéter puisqu’il n’y a « pas de toxicité aigüe ».

Les impressionnantes image du panache noir de l’incendie se diffusent un peu partout, les premières inquiétudes se font sentir… (tout comme une odeur assez irrespirable) Mais pas de problème, on nous dit de ne pas nous inquiéter !

Et puis d’un coup, black-out total ! Rouen tombe dans l’oubli puisque Jacques Chirac s’est éteint (éteignant au passage l’incendie de l’usine Lubrizol) Plus aucune chaîne ne semble se préoccuper de la situation, bien entendu, si l’usine avait pris feu en plein Paris, gageons que le traitement réservé à l’information eut été différent. Passons…

J’ai la chance d’habiter à une quinzaine de kilomètres de Rouen, les effets ont donc été amoindris ici mais une forte odeur d’essence était quand même bien présente dans mon jardin quand je suis sortie inspecter les environs à la recherche de traces d’hydrocarbures…

Le problème face à cette (non) gestion de l’événement c’est le flou qui l’a accompagné. S’il n’y a pas de danger comme on nous le répète, quid des céphalées, nausées, picotement de gorge, traces de suie suspectes, flaques d’huile surgissant un peu partout ?

De là à dire qu’on nous prend un peu pour des cons mais pas trop il n’y a qu’un pas… Le silence s’est fait dans les médias, une fermeture des établissements scolaires (écoles, collèges, lycées mais plus les universités) a été annoncée avec reprise des cours lundi mais on ne s’inquiète pas… Pas de danger. Pas de danger mais sur le site de la Préfecture on trouve quand même quelques éléments laissant à penser que peut-être, éventuellement, il se pourrait que la situation soit plus dangereuse que ce qu’on nous a laissé entendre de prime abord. Et ça me rend folle.

Ça me rend folle qu’on choisisse de relater en long en large et en travers la vie si épique soit-elle de notre ancien Président (ce décès m’a touchée, j’ai même versé une petite larme, mais merde ! La situation est dramatique ici !)

La seule Une qui aborde le sujet est celle de Paris-Normandie, les infos qu’on nous donne se veulent rassurantes (et nous prennent au passage pour des débiles avec ce « nuage un peu toxique mais pas trop ») mais on remarque surtout qu’à chaque catastrophe de grande ampleur, tout est fait pour minimiser les dégâts et éviter la panique. Guess what ? C’est tout l’inverse qui se passe ! J’ai mal à la tête depuis ce matin, est-ce imputable à l’incendie ? Doit-on aérer la maison ou tout laisser fermer ? Faut-il que je jette les pommes et les pêches du jardin pour éviter les risques ? Quelles seront les conséquences à court, moyen et long terme de ce drame écologique ?

Plein de questions, pas de réponses, mépris des médias car un sujet plus important est à développer. Alors on attend, on attend de voir les suites, puisque bien entendu, il y en aura.

Rien n’est grave, Chirac est mort, Rouen peut bien brûler et ses habitants essuyer des gouttes d’huile tombant du ciel.