La pré-éclampsie, j’en avais entendu parler lors de mes grossesses, une histoire de tension et de protéines dans les urines mais je n’en savais pas beaucoup plus jusqu’à ce qu’elle touche ma famille de cœur…
En cette journée de sensibilisation, je vous laisse découvrir le témoignage touchant de mon amie Léa qui a été confrontée à cette complication lors de sa grossesse.
« Ma grossesse? Elle s’est passée de manière plutôt classique une fois les risques de trisomies écartées après un mauvais tri-test, juste quelques épisodes de faux travail dans le 8ème mois.
J’ai fait de la rétention d’eau à partir du 7ème mois, mais bon quand j’en ai parlé aux médecins, rien d’alarmant puisque ma protéinurie étant inexistante.
Un peu d’hypertension apparue à la fin du 8ème mois, mais toujours pas de protéinurie! On m’a quand même programmé un suivi avec monitoring et prise de tension toutes les semaines à partir de ce moment là (36 SA+4) à la maternité.
Premier monitoring, tension toujours autour de 15/9, mais elle retombe bien dès que je me mets sur le côté. Monitoring toujours parfait. Je rentre donc chez moi.
Une semaine plus tard, à 38 SA tout rond, je retourne à la maternité pour mon monitoring. Je ne passe plus aucune de mes bagues ce jour là. Je suis vraiment gonflée. Mais, même scénario que la semaine précédente. La sage femme m’examine quand même, refait une bandelette urinaire et une prise de sang… et aïe! Non ce n’est pas la prise de sang qui me fait mal… Ça part du bas du dos. Une contraction? Non ça dure beaucoup trop longtemps (30 min pour cette première crise) et ça vient se loger entre mes omoplates. On fait des tests approfondis: tension toujours sur le même scénario, protéinurie à 0,34mg/dl (la limite est à 0,30 et les femmes qui font des pré-éclampsie ont plusieurs mg/dl dans leurs urines). Mes résultats sanguins reviennent et sont bons. La crise s’est calmée entre temps 5grâce au paracétamol?°
On est en début d’après midi et je suis là depuis 10h30 du matin. Une nouvelle crise arrive et durera trèèèèès longtemps. Trop longtemps. J’ai mal, on ne peut rien me donner, car on ne sait pas ce que j’ai… Au bout d’un long moment la crise passe à nouveau. On m’envoie faire une échographie de la vésicule biliaire (et si ça n’avait rien à voir avec la grossesse?). Ils pensent à un calcul. Bien évidement, il n’y a rien à voir… Mais la douleur est partie.
Je me dis que c’est sûrement passé. Il est environ 16h.
Peu de temps après la douleur revient, on me dit qu’on me garde pour la nuit. J’appelle mon copain qui est en déplacement pour qu’il m’apporte une valise pour la nuit. Il arrive finalement vers 20h, le pauvre, après s’être dépêché et avoir quitté une très grosse réunion.
Entre temps j’ai eu mal et je continue d’avoir mal. On me fait des bilans sanguins et des prises de tensions régulières. Rien d’alarmant. Je n’ai pas du tout toléré un dérivé de la morphine… donc pas d’anti-douleur pour me soulager. Je ne peux plus respirer normalement.
Vers 22h on me passe dans une chambre. On me refait une prise de sang, on me repose le monitoring. Bébé ne va plus très bien apparemment, on me prend ma tension et je suis à… 21/11… Je fais péter les brassards au bras comme à la cheville. L’équipe me donne un anti-hypertenseur et de la morphine quand même et part chercher un appareil à échographie.
Nous nous retrouvons seuls dans la chambre. Nous faisons des mots flêchés pour essayer de me détendre. Mon cerveau fonctionne bien. Trop bien? Je dis à mon copain: « Si je convulse, c’est grave, t’appelles quelqu’un. »
5 minutes après, black out, je convulsais, éclampsie, et le code rouge était déclenché. Je ne me souviens de rien.
Mes résultats sanguins arrivaient au bloc au même moment: HELLP syndrom.
La douleur dans le dos n’était autre que la fameuse barre épigastrique, mais mal placée…
12 minutes plus tard Lubin arrivait par césarienne d’urgence et moi j’étais placée en coma artificiel.
Le papa a dû tout gérer: son fils, moi dont on ne savait pas si je m’en sortirais, les appels à la famille…
Heureusement, ils ont pu me réveiller le lendemain après-midi, mais j’ai dû retourner au bloc, car j’avais perdu trop de sang.
Transfusion.
Le surlendemain je me réveillais définitivement et j’ai enfin pu rencontrer mon fils…
Un bébé un peu petit et avec un peu de difficultés respiratoires, mais bien en forme aux vues des circonstances!
Nous sommes restés 2 semaines à l’hôpital. Lui en néonat, puis unité koala et moi en réa, puis au service des grossesses pathologiques, puis en suite de couche.
Nous avons eu beaucoup de chance… Nous n’avons aujourd’hui apparemment aucune séquelle… Du moins physiques…
L’équipe médicale a été top durant toute l’après-midi où on ne savait pas ce que j’avais, malgré ce que l’on peut penser. Mon corps ne donnait pas les bonnes infos, ils ne pouvaient pas faire mieux.
J’ai aujourd’hui beaucoup de mal à dire que j’ai accouché, j’ai « éclampsié », Lubin est venu au monde, mais accouché…?
On réalise la chance qu’on a et on ne sait clairement pas si on est prêt à avoir d’autres enfants. Ce dont on est sûrs, c’est qu’on a un bébé incroyable… et que ça nous a encore plus uni…!
Je ne suis pas particulièrement croyante, mais Lubin… est l’un des 7 saints guérisseurs… Coïncidence? »
Si vous souhaitez en savoir plus l’association Grossesse Santé contre la pré-éclampsie (https://www.grossesse-sante.org/) se mobilise pour faire connaître la maladie et accompagner les mamans touchées.
1 réflexion au sujet de “22 Mai, journée mondiale contre la pré-éclampsie.”