1 sur 10

Le 17 Novembre,c’est la journée de sensibilisation à la Prématurité. Journée un peu particulière pour moi. Parce qu’il y a 7 ans, on était dans les mauvaises stats, parce que c’était mon bébé le « 1 sur 10 ». Parce que 26 SA c’était vraiment trop tôt, même si…. Même si d’autres survivent.

Parce qu’avant ça, je n’avais aucune idée de cette épée de Damoclès que pouvait être la prématurité, de ces mots inconnus auxquels on s’habitue « prématurissime », « viabilité », « menace d’accouchement prématuré ». Parce que j’avoue avoir du mal avec les femmes enceintes si pressées d’en finir à partir de 37 SA alors que pour de si nombreuses futures mamans,c’est un cap qui parait tellement loin et inaccessible … (je précise que ce n’est pas pour jouer les moralisatrices, chacune a son vécu et vivra les choses à sa façon)

Une fois confrontée à la prématurité, je n’ai vécu les grossesses suivantes que par cap. Les caps dont me parlaient les médecins, les caps que je n’avais pas réussi à atteindre… 28, 32, 34, 36 et même 37 SA (soyons fous !)

Et parfois la Nature nous étonne, défiant toutes les statistiques… Un premier accouchement prématuré, une 2ème grossesse « à haut risque obstétrical » avec hospitalisation de 32 à 38 SA (je suis au point pour vous faire une critique TripAdvisor des unités de grossesses pathologiques du coin) et… une 3ème grossesse (toujours à haut risque) avec un dépassement de terme. Dépassement de terme. Le truc impensable vu mon dossier, et très bien résumé par un maïeuticien « vous n’aviez pas les bonnes cartes en main au début de la partie mais vous êtes pourtant en train de remporter la manche »

Je n’oublie pas, je pense à ces bébés warriors, venus au monde bien trop tôt, à tous ceux qui s’envoleront bien trop vite et laisseront leurs parents dévastés à jamais, à ceux qui tiendront bon, à ceux qui défieront les statistiques, à ces vêtements en taille 000 encore trop grands pour leurs corps si frêles. Parce qu’il y a 7 ans, c’était toi mon fils le « 1 sur 10 » et que depuis cette première grossesse cauchemardesque s’achevant de la pire des façons je n’ai cessé de me demander et si on avait eu tort. Parce que depuis 7 ans, je repense à cette sage-femme dénuée de toute humanité qui m’avait lancé lors d’un monitoring « pfff de toute façon vous allez sûrement le perdre ce bébé, au moins ça vous aura fait des souvenirs de le sentir bouger », parce que depuis 7 ans, l’image de cette chef de service manucurée pénétrant dans ma chambre 24h après ton décès et lâchant avec un « j’ai poussé un ouf de soulagement quand j’ai su que vous aviez accouché: enfin c’est fini » ne m’ont pas quitté.

Un sur dix et pourtant on s’imagine toujours que ça tombe sur les autres.