Quand Morphée se fait la malle…

Sommeil:

D’après Larousse:

(du latin somniculus): Etat physiologique périodique de l’organisme (notamment du système nerveux) pendant lequel la vigilance est suspendue et la réactivité aux stimulations amoindrie.

D’après moi:légende urbaine.

L’autre jour, ma fille aînée m’a demandé depuis « combien de dodos elle était née », après un rapide calcul, je lui ai indiqué que cela faisait environ 1900 dodos. Et soudain: la claque ! Cela ferait-il autant de nuits que je dors mal ? Nooooon ! Impossible ! Quoi que…

Si je devais dresser une petite liste (incomplète) de ce que les grossesses/la maternité m’ont apporté, sans grande surprise on trouverait:

• l’amour inconditionnel qui l’emporte sur tout le reste mais aussi…
• la patience (surtout au bout de 15 jours de vacances à m’en occuper toute la journée. Fonctionne aussi après 4 parties de « Qui est-ce? », 3 batailles et 1500 « Mammaaan » par jour)
• le dépassement de soi (si vous avez accouché, vous voyez de quoi je parle)
• une maîtrise incomparable des derniers albums jeunesse et des génériques de dessins animés.
• la maturité et l’expérience (aka: les rides et les cheveux blancs)
• Un teint reposé et un corps de rêve (sans commentaire)

Passons aux choses qui fâchent, le pas alerte, la taille 36, la mine fraîche, les soirées improvisées, les longues nuits à boire des mojitos (bon, ok, ça, j’ai gardé), les grasses matinées (dormir jusqu’à 7h15 un dimanche matin, ça ne compte pas) et un sommeil de qualité ne font plus partie du tableau depuis longtemps déjà.

Le sommeil pendant les grossesses:

Insomnies, douleurs diverses, positions inconfortables, envie de faire pipi: dormir correctement pendant la grossesse relève parfois souvent du miracle. Heureusement, il reste les siestes (et le coussin d’allaitement ❤) On peut toutefois considérer que les choses sont bien faites et nous préparent aux futurs premiers mois de bébé… De mémoire, mes pérégrinations nocturnes ont commencé lors de ma première grossesse et ont perduré quelques mois après son issue tragique. Lors des grossesses suivantes, le schéma était en général un réveil entre 2h et 4h du matin pour une durée plus ou moins variable…

Le sommeil après la naissance:

J’ai toujours eu en horreur l’expression « faire ses nuits ». Un nouveau-né fait bien ses nuits à lui même si en l’occurrence, elles ne sont pas alignées sur les nôtres. De ce côté-là, j’ai pris les choses avec philosophie (pas le choix et puis mon corps était rôdé par les réveils incessants les mois qui précédaient 🤣)

Oui, j’étais fatiguée mais ça faisait partie du pack « sortie de maternité/slip filet/tranchées/crevasses » J’ai eu la chance d’avoir des bébés faisant mes nuits assez vite (3 mois pour l’une, 6 semaines pour l’autre) ce qui m’a permis de retrouver un sommeil serein et profond (enfin… on se comprend. Serein et profond mais à l’affût du moindre bruit, du moindre pleur, nez qui coule, toux nocturne laissant penser que Dark Vador occupe la chambre voisine…) Les réveils étaient rares, ponctuels, indiquant seulement une maladie,une petite peur nocturne (ou un questionnement existentiel comme relaté ici )

Les semaines et mois qui ont suivi la naissance de mon intrépide ont été un peu difficiles à gérer pour sa grande soeur, quelques rappels sous divers prétextes (soif, peur, envie d’un dernier câlin…), des cauchemars aussi (merci Furiosa la sorcière des Alphas !). J’avais mis en place le rituel des émotions au moment du coucher, il consiste à verbaliser certains ressentis pas forcément exprimés au cours de la journée tels que la peur, l’énervement, la joie, la tristesse. Cela permettait à ma grande poupette de s’endormir sereinement sans sentiments parasites. La confection d’un attrape-rêves (rebaptisé « attrape-cauchemars ») a été aussi une aide précieuse. Bref, le marchand de sable n’oubliait personne dans sa tournée, à part moi peut-être.

Le sommeil depuis ces dernières semaines:

Comment dire ? Morphée a dû me supprimer de sa liste d’amis, je ne vois pas d’autre explication. Les couchers se passent sans encombre pour l’une et l’autre. C’est plus tard que les choses se gâtent. Mon aînée me réveille en moyenne 3 fois par nuit (quand j’ai de la chance) sous des prétextes divers et variés:

• « c’est trop dur de quitter ses parents pour la nuit » (certes, mais tu vois ma chérie à 4h15 c’est pas trop ce que j’ai en tête)
• « pourquoi Papa dort avec toi alors que c’est un grand et qu’il n’a pas peur? Ce n’est pas normal ». (oui, oui, je lui dirai)
• cauchemars
• « j’avais juste envie de te voir » (je vais t’imprimer un poster en 100×80, tu me verras toute la nuit, ma puce)

J’en arrive à avoir peur de me coucher parce que je sais pertinemment que ma nuit va vite être entrecoupée d’un, deux, voire cinq réveils. Alors, en ce moment je donne peut-être l’impression de « subir » mes vacances ou d’être en mode survie comme on me l’a dit. Mais pas de langue de bois: je suis fatiguée, oui fatiguée. Parce qu’au bout d’un moment, mon côté le plus philosophe et le plus « Hakuna Matata » est vite supplanté par une farouche envie de m’enfermer 48 heures seule (détail important) chez moi et rester sous la couette pour rattraper toutes ces nuits où le précieux repos décide d’être absent. Fatiguée de lutter pour ne pas succomber à une sieste postprandiale. Fatiguée d’avoir parfois l’impression de me traîner (merde, tu n’as que 34 ans !) La fatigue est insidieuse, me rend tantôt agressive, tantôt pleurnicharde (remember l’épisode de Tchoupi qui m’a valu quelques larmes) Si fatiguée que la perspective d’un weekend en amoureux me remplit surtout de joie à l’idée de pouvoir DORMIR ! (glamour…)

Je ne suis pas en détresse, pas encore au bord de la crise de nerfs (enfin peut-être que si certains jours!) mais je voudrais juste retrouver ce qui me manque tant: des heures de sommeil ininterrompu (si au passage, on peut aussi me filer un ventre plat et la poitrine de mes 20 ans, qu’on soit clair: je prends)

En attendant, je persévère, usant de subterfuges pour éviter les réveils impromptus, certaine que cette phase sera bientôt derrière moi, consciente aussi que dans quelques mois, ce sera sûrement la petite soeur qui prendra le relais… (Morphée, t’exagères un peu quand même…)

BONUS: Commandements du mode survie sans sommeil:

• A bailler discrètement,tu apprendras
• D’un bon anti-cernes, tu te muniras
• Des micro-siestes, tu feras
• Du café (que tu n’aimes pas),tu consommeras
• Adepte des tisanes « nuit tranquille » tu deviendras
• Ton mal en patience,tu prendras

Sur ce, bonne nuit ! 😅