PROFITER ! (ou pas?)

Aujourd’hui, suite à un quiproquo avec la nounou, je me retrouve seule à la maison pour l’après-midi.

Première pensée: OUIIIII ! Je vais pouvoir en profiter.

Ok. Donc « profiter » vu mon  état de fatigue actuel (pour rappel, j’ai pleuré devant un épisode de Tchoupi hier matin…) consisterait à dormir. Sauf que… dormir alors que pour une fois je suis seule à la maison, ce serait,certes, agréable mais peut-être pas très constructif…

Je rentre et vois les jouets sortis ce matin, le lave-vaisselle à vider, du linge qui traîne. La réalité me rattrape donc très vite. Rebelle dans l’âme (ah ah ah), je décide de faire comme si je ne voyais rien et m’installe devant un épisode de « Friends », histoire de profiter.

Et nous voilà donc face à l’éternel choix, le fameux dilemme:

– un temps sans enfant(s) doit-il être consacré à soi, mis à profit pour « nettoyer,balayer, astiquer », ou bien ne rien faire ? La même question se pose le soir, une fois la marmaille endormie alternant entre « youhouuuuuu MA journée commence » et « zzzzz je suis crevée, je vais me coucher » (on ne dirait pas présenté comme ça mais en vrai, c’est fun d’être parents !)

Compte tenu du rythme auquel on s’astreint quotidiennement, de nos occupations diverses et variées, l’idée même de « profiter » (bien qu’on ne sache pas trop comment) arrive à nous mettre en joie alors qu’il faut bien le reconnaître, prendre un peu de temps pour rattraper une série en retard ou finir un livre ne devrait pas dans l’absolu paraître si extra-ordinaire. Sauf que, quand on est parent, ça le devient et la perspective de quelques heures « libre » amène un regain d’énergie comme si on avait 14 ans et la permission de minuit ! (oui, j’utilise de vieilles expressions si j’ai envie !)

Revenons donc à cette notion de « profiter« , expression couramment utilisée pour un peu tout et n’importe quoi:

• « soirée mojitos ce soir ? Profite bien ! »
• « 15 jours de vacances:tu vas pouvoir en profiter ! »
• « tu finis plus tôt ce soir ? Cool, profites-en ! »

Profiter devient ainsi une injonction comme si l’on se devait de tirer profit au maximum de la situation au lieu de l’apprécier uniquement pour ce qu’elle est.

Oui, je pourrais mettre de côté mon ressenti, « profiter » de cet après-midi pour ranger mon bureau, corriger mes copies, faire du ménage  (liste non exhaustive) car il est nécessaire que je le fasse mais pourtant je n’aurais pas l’impression d’avoir profité, juste d’avoir accompli l’utile. Je pourrais aussi me dire que j’ai bien mérité une sieste (ça, par contre, je la mérite, c’est vrai) mais je sais aussi que je m’en voudrais en me disant que ce n’est quand même pas très sérieux (coucou la culpabilité !)

Aujourd’hui, je décide donc de ne pas réfléchir, mais uniquement de profiter, savourer, déguster comme un cadeau précieux et inattendu ces quelques heures seule en buvant un thé, en grignotant quelques cookies, en feuilletant un magazine tout en écoutant le crépitement du feu qui réchauffe la pièce, en prenant le temps de mettre tout ceci par écrit tout en comptant les heures avant de retrouver mes filles, doux paradoxe maternel, parce qu’une maman qui a « profité » est quand même infiniment plus douce et patiente que son versant Gremlins excédé et hurlant à la moindre bêtise.

Je vous laisse, je vais pro-fi-ter 😉