Mum's Life

Cent pour sans

On parle souvent du bouleversement à l’arrivée d’un premier enfant, du tsunami émotionnel qui nous transporte et nous transcende. On parle nuits courtes, baby blues, premiers pas, premières fois. On évoque de-ci, de-là quelques fiertés maternelles (hashtag MILK 🤣) et puis vient le temps où le rythme se prend, nous berçant dans la douce quiétude d’un trio bien rôdé, d’une évidence… C’était comment déjà avant ?

STOP. Arrêt sur image. Le trio devient quatuor. L’ordre établi est bouleversé une nouvelle fois.

Le temps de la culpabilité

Ce bébé était aussi attendu, aussi désiré que son aîné. Alors pourquoi son arrivée suscite-t-elle autant de questions désagréables?

« Mais qu’est ce qu’on a fait ??? La vie à 3 était parfaite !!! Quelle folie, quelle connerie ! »

(rassurez-vous, ça ne dure pas. Sitôt retrouvé un nombre d’heures de sommeil acceptable, ces idées s’envolent). Et pourtant, on remet tout en perspective, sacrée sortie de la zone de confort si durement construite. Retour aux nuits de deux heures, étrange voyage en mère inconnue où la plénitude attendue fait place aux doutes.

Aux questions délétères se soustrait le temps. Ce temps si précieux qu’on offrait tout entier, sans compter à l’aîné. Ce temps si précieux dont on manque désormais. Chaque instant est minuté, partagé. Elle n’est plus la seule, et elle n’est pas la première. On s’émerveille autant mais on s’attarde moins sur les détails, les progrès. On compare un peu parfois aussi, tout en sachant qu’il ne le faut pas. A part un patrimoine génétique et 9 mois de sous-location dans le même nid douillet, elles sont soeurs mais pas clones, elles sont elles-mêmes mais pas miennes. On apprend à manier cartable et tire-lait d’une main, à préparer les petits pots en songeant à une future soirée mojito, on essaie de ne pas se noyer sous la culpabilité, on apprend aussi et surtout à aimer encore plus fort et plus grand.

Le temps perdu

J’aurais tellement aimé offrir autant à S. qu’à C. Partager le même temps à cent pour cent, plutôt que sans, pourtant. Les rares instants où je l’ai pour moi seule, je l’observe et je la découvre, si différente qu’en présence de sa soeur. Si douce, calme et câline, elle mon intrépide, venant se blottir dans mon cou, cherchant de la main le sein jadis nourricier. Et dans ces moments-là, je m’en veux. Je m’en veux de ne pas avoir pu lui consacrer autant de temps. Je m’en veux de penser qu’à 20 mois, je la connais mais peut-être pas si bien. Je m’en veux de me dire que c’est très certainement mon dernier bébé et que la préciosité de ses débuts dans la vie aurait dû primer sur le reste.

Oui mais… Oui, mais elle n’est pas seule.Comment accorder à l’une l’exclusivité tout en ne blessant pas l’autre ? Comment préserver l’aînée sans que cela se fasse au détriment de mon bébé ? Dans mon cas, se confronter à ces questions, c’est aussi prendre conscience du possible « surinvestissement » dont j’avais fait preuve avec C, mon « bébé d’après » (Dieu, que je n’aime pas ce terme !) si choyé, protégé, chouchouté, ce bébé dont la naissance comblait tous mes espoirs et mes attentes. Alors, trop de temps ou pas assez ?

Le temps au temps

Mais comme souvent quand on est parent, on fait au mieux… J’ai savouré chaque instant (pas trop les gastros, ceci dit !), chaque demi-journée de repos où je me consacrais à elle(s), j’ai cultivé parfois un côté très Bree VDK (le Chardonnay en moins, le Rhum en plus) avec des goûters maison et des sorties d’école. Puis, j’ai constaté que le temps était ce qu’on en faisait. C’est vrai, c’est compliqué d’être à 100% pour l’une ET l’autre et c’est ce qui a été le plus difficile à la naissance de S. J’ai vraiment eu l’impression de devenir une mauvaise maman, incapable de me consacrer suffisamment à mon nouveau-né dépendant de moi en tous points et contraignant une petite fille de 3 ans à devenir grande un peu plus vite. Mais surtout, j’ai découvert aussi (outre une résistance physique à la fatigue 😁) qu’être la deuxième a de sérieux avantages comme avoir une maman plus aguerrie et (un peu) moins stressée à la moindre fièvre, une maman se faisant davantage confiance, maîtrisant bien mieux les lavages de nez au sérum phy (on ne rigole pas, en période hivernale, ça compte!), une maman qui tâtonne moins, qui est un peu plus cool aussi (ah les fameux principes auxquels on déroge !) et le plus important, peu importe les heures et les minutes, une maman dont l’amour inconditionnel grandit encore et encore de jour en jour et ce,à mille pour cent.

12 réflexions au sujet de “Cent pour sans”

  1. Très bel article. Même si je n’ai qu’une fille, j’imagine aisément la difficulté que représente la gestion de deux enfants et du sentiment de culpabilité qui accompagne les mamans quand elles ont l’impression de passer plus de temps avec l’un qu’avec l’autre. Cela me semble tout à fait normal et en même temps, comme faire autrement ? A moins d’avoir le don d’ubiquité, c’est impossible..

    Bonne soirée
    Cécilia

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  2. toujours un plaisir de te lire Marie
    Pas toujours facile de trouver du temps pour l’une ou l’autre mais tu es une super maman qui fait de son mieux pour ses deux petites puces et qui donne au centuple de l’amour de l’amour et encore de l’amour 😉❤️

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  3. Ton article est magnifique, et si vrai! On n’est pas la même maman pour son premier et pour son 2ème, c’est un fait – mais eux ne sont pas pareils non plus, et on bâtit avec eux des relations différentes. De la même manière qu’on a pas de préféré, juste 2 enfants différents, qu’on aime pour leurs spécificités, et bien je crois qu’on a des relations différentes, pleines de spécificités aussi. Tant qu’on essaye de faire au mieux, alors, je crois qu’on fait exactement ce qu’il faut. On ne pourra de toute façon jamais être pareille pour chacun d’entre eux!

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    1. C’est ça ! Deux enfants qu’on aime aussi fort mais différemment. Ce qui est assez drôle c’est que tout à l’heure en allant chercher C. à l’école (donc article rédigé que mon portable mais pas encore publié), elle m’a dit sorti de nulle part « je préférais quand S n’était pas là parce que tu t’occupes tout le temps d’elle ». Ah ces gosses !

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  4. Quel bel article! Juste et émouvant! Je vais connaître (par chance et normalement) cette situation que tu décris. Étant moi-même deuxième de la fratrie (mais y’en a eu d’autres derrière), c’est un sujet qui me touche particulièrement. Mais je crois que ta conclusion est la bonne. On a moins de temps mais plus de précision et d’assurance. On évite certaines erreurs. On s’angoisse moins, on met sans doute moins de pression à l’enfant que pour le premier. Les aînés ont quand même un sacré rôle à jouer, même plus tard. Finalement pas si facile. Il n’y a pas de fratrie idéale, et tu les aimeras différemment mais ce qui compte c’est d’avoir conscience de ces différences et de s’en nourrir plutôt que d’en souffrir.

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  5. A chaque enfant, c’est l’équilibre familial qui est remis en jeu. Ces questions et ces doutes sont importants pour mieux avancer. Je me suis posée beaucoup de questions pour l’arrivée du 2ème et ensuite c’était beaucoup plus naturel pour les autres. On a peut-être moins de temps pour chacun, mais quand je vois les relations qu’ils ont entre eux, c’est magnifique !.

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    1. Oui je pense que tout vacille à chaque nouvelle naissance mais c’est ce qui fait la force de la fratrie aussi. Étant fille unique, je me suis posée beaucoup beaucoup de questions quand j’attendais S. Je me demandais comment j’allais faire, je savais que j’allais l’aimer inconditionnellement aussi mais je n’arrivais pas à me le figurer tellement j’aimais déjà C. Et puis après, je me suis interrogée sur la construction du lien, de la complicité entre elles. Au final, tout est tellement évident quand je les vois ensemble 😍

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  6. Je pense que les Mamans se posent toutes ces questions et se culpabilisent énormément car elles veulent tout contrôler, hors ce genre de chose, ça ne se contrôle pas et c’est juste inconcevable 😀
    Pour ma part je vois ça comme le fais de respirer ! A aucun moment tu ne pense à inspirer ou expirer. A aucun moment tu ne pense à si tu dois respirer plus ou moins vite. Tu le fais c’est tout.
    Avec les Pilous c’est la même. Tu ne choisis pas où, quand et comment va se faire le lien. Mais dans tous les cas, il se fera. Et ce qui est vraiment magique avec les Pilous c’est que eux ne se posent absolument pas toutes ces questions. Ils se moquent que Pilou1 a eu un câlin, Pilou3 quatre et Pilou4 une cinquantaine… Si Pilou2 en veut un là maintenant et bien elle prend la dose de câlin dont elle a besoin et repars.
    On n’est pas à 100% une Maman, on est à 100% LEUR Maman et ils le savent tellement mieux que Nous ❤

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