Humeurs, Mum's Life

Déclic et des likes.

Hier, j’ai fait un test déterminant mon degré d’addiction au téléphone portable. 5 niveaux d’alerte, j’en suis au 4ème: « phonophile » juste avant « nomophobe ».

Ok. Le constat est posé. Je sais que j’ai souvent tout le temps mon téléphone à la main. Est-ce que j’ai envie que mes filles aient ce souvenir de moi ? Maman qui ne fait pas attention parce qu’elle est trop absorbée par un écran ?

Tous addicts ?

Bizarrement, cette angoisse de l’écran je la ressens depuis ma mutation en lycée. Au collège, le portable est interdit et même si on en confisque quelques-uns, aucun élève ne se balade dans les couloirs le portable à la main.

Au lycée, c’est différent: les portables doivent être éteints dans les sacs pendant les cours (ah ah ah) mais sont autorisés dans les couloirs. Depuis 4 mois, j’observe donc quotidiennement ces rangées d’élèves, adossés au mur, tête baissée et yeux rivés sur le portable. Tous. Sans exception. De l’élève perturbateur au brillant premier de classe,de la jeune fille timide à la grande gueule. Tous. Des armées de zombies dans les couloirs. Et j’ai beau être moi-même assez addict à mon portable, je trouve cela extrêmement anxiogène. C’est angoissant de les voir agir par écrans interposés, se cramponnant au téléphone jusqu’au dernier moment comme si leur vie (virtuelle) en dépendait.

Cela soulève des questions aussi. A 15, 16, 17 ans, que peuvent-ils avoir de si intéressant à échanger, à raconter ?

J’ai connu une époque sans portable. J’ai connu des portables sans fonction sms. Des portables qui ne servaient qu’à téléphoner (oui, ça a existé), j’ai connu l’effervescence de cette communication immédiate, la proximité des amis, les discussions interminables, les hors-forfaits catastrophiques. Est-ce que c’était si différent ?

Je les observe discuter à la récré, ils ne se regardent pas, obsédés par la lumière bleue émanant du St Graal à plusieurs centaines d’euros. Ils communiquent, toute la journée sur des réseaux dits « sociaux » alors qu’ils sont,pour la plupart,incapables d’échanger IRL comme on dit.

Course aux likes.

Les réseaux sociaux, ce miroir aux alouettes, procurant un sentiment aussi grisant qu’éphémère de « reconnaissance », de « célébrité ». Ces réseaux chronophages où chaque like, retweet ou abonné confèrent un statut, une importance. A quel moment avons-nous décidé de rendre prioritaire le paraître à l’être, le virtuel sur le réel ?

Qu’avons-nous à prouver à nous-mêmes, aux autres pour sacrifier la magie d’un moment afin de rendre le cliché le plus Instagrammable possible ?

Est-ce ça dont j’ai envie ? Est-ce utile à ma vie, ma vraie vie? Pas celle liée à des gens que je ne connais pas, des inconnus dont je connais un nom d’utilisateur sur un réseau.

Est-ce que ce temps qui me fait cruellement défaut est uniquement dédié à mon boulot, mes obligations, mes filles?

J’ai donc décidé de télécharger une application calculant le temps d’utilisation de mon téléphone ainsi que le nombre de déverrouillage (anecdotique dans la mesure où il se verrouille automatiquement au bout de 30 secondes mais assez édifiant quand même)

Mes objectifs du jour, fixés par l’appli, étaient un maximum de 100 minutes d’utilisation et 30 déverrouillages. A l’heure où j’écris cet article (de mon téléphone bien entendu) j’en suis à 309 minutes et 112 déverrouillages.

309 minutes. Plus de 5h. Comment ai-je pu passer autant de temps à ne rien faire moi qui court après le temps ? Autant de temps à zapper d’appli en appli, du temps que j’aurais pu, aurais du consacrer uniquement à mes filles (ou mes copies, non, je ne vous oublie pas, oh non, jamais)

Et pourtant, il faut se rendre à l’évidence, l’addiction est bien là, en moi, autour de moi. Peu à peu, l’émergence et la multiplication des nouvelles technologies ont créé ce monde dont on dépend désormais. Un monde où l’on compte plus sur des likes et des partages virtuels que sur des échanges avec des amis perdus de vue, un monde où l’on met en scène à grand renfort de filtres et de hashtags savamment pensés ce que l’on voudrait être notre vie. Une vie comme on la rêverait, sous le meilleur angle. Une vie parfois si différente de la réalité. Il est facile de masquer, recadrer, modifier les images, les posts et les statuts. Il est en revanche beaucoup plus difficile de construire des souvenirs d’enfance, de rattraper le temps perdu, de ne pas perdre de vue l’importance de l’ici et maintenant car après tout,le plus likable, le plus instagrammable sera toujours invisible à l’œil nu.

Alors demain, mon portable sera dans un coin, pas si loin mais moi je ne serai qu’avec Elles, bien ancrée dans ma vie, la vraie.

(Et croyez-moi, une journée sans portable, ce sera un peu mon Koh-Lanta à moi 😜)

20 réflexions au sujet de “Déclic et des likes.”

  1. Evidemment bien vrai… mais je n’ai pas (encore?) la force de combattre! Je suis une zieuteuse d’écrans compulsive, mais je ne crois pas pour l’instant que ça empiète sur ma vie, ni sur ma relation avec mes filles. Mais j’y prête garde…

    Aimé par 1 personne

  2. Ce sont également les réflexions que je me fais. L’image que l’on donne à nos enfants et qu’en sera-t-il pour eux quand ils seront plus grands ? Même si d’autres nouvelles technologies ont le temps de voir le jour d’ici là…
    Très bonne idée ton appli, je vais faire le test pour voir ma conso !! 😉

    Aimé par 1 personne

  3. Je fais le même constat au lycée…
    Mais je ne pense pas que les réseaux ont autant d’importance dans leur téléphone… Pour ma part et pour en discuter beaucoup avec eux, le téléphone ils l’utilisent **certes en permanence ;)** mais plus pour regarder des vidéos, écouter de la musique ou jouer. J’avoue mon inquiétude face à l’utilisation du téléphone, mais je reste positive et persuadée que pour la plus part ils n’hésiteront pas entre une sortie et une discussion sur FB 😉 Ben oui je rêve, et alors ??? 😉
    Mes crottes de biquette sont encore très jeune, mais j’impose à Papa et moi-même, zéro téléphone à table **faut bien un début !**.
    Mon téléphone représente aussi mes moments de détente.
    Me poser 15/20 minutes dans le canapé pour jouer à un jeu stupide, pour lire quelques articles, consulter des mails **ouai détente peut mieux faire ;)**… Choses que j’aurai certainement faites de toutes manières même sans téléphone ! Avocat du diable, si tu me cherches 😀

    Mais je suis de tout coeur avec tes efforts, passons un maximum de temps avec nos poussins ! ❤ ❤ ❤

    Aimé par 1 personne

  4. Moi aussi je suis accroc à mon téléphone mais surtout aux réseaux sociaux. C’est grace à ce genre d’application que tu en prend conscience, quand tu vois ce gros chiffre et que tu le convertie en heure. J’ose pas me prêter a la même expérience parce que j’ai vraiment peur de voir ce chiffre qui sera, je pense, vraiment supérieur à toi.
    Bon courage pour ton Koh-lanta.

    Aimé par 1 personne

  5. Je ne connaissais pas cette appli et je pense que je vais la télécharger également!! Je suis moi aussi bien trop addict au téléphone et je suis certaine que ça nuit à mon quotidien et empiète sur le temps que je dois accorder à ma fille, mon mari et mes amis!! J’essaie de me désintoxiquer. C’est pas facile. Il faut que je fasse le deuil de voir tout ce qui se passe sur les réseaux sociaux et que j’arrête de vouloir lire et commenter tous les blogs que je suis!! Ca fera déjà de longues minutes (heures??) de gagner!!

    Aimé par 1 personne

    1. Ça se fait de façon insidieuse ! 3 minutes par-ci, 5 minutes par-là et on en arrive à des heures 😭 En plus j’ai remarqué que j’avais mal aux épaules et aux pouces, je me demande si c’est pas à cause de la position « tête penchée » vers l’écran 🤔

      J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s