« C’est mon corps »

Hier, en rentrant de l’école, C. m’a dit qu’un élève de Petite Section l’avait embrassée sur la bouche. Il y a quelques temps, j’aurais sûrement trouvé ça mignon sauf qu’elle a ajouté  « mais moi, je ne voulais pas. » Est-ce lié à la libération de la parole ces derniers temps sur les réseaux sociaux et aux centaines de témoignages #balancetonporc que cette phrase m’a mise mal à l’aise ?

J’ai été surprise qu’à même pas 5 ans, elle manifeste un non-consentement en me précisant « j’ai pas eu le temps de dire non, mais la prochaine fois je lui dirai que c’est mon corps » Surprise et fière à la fois, mais très vite rattrapée par une angoisse qui a fait taire la fierté.

Faut-il s’inquiéter que ce genre d’événements commence dès le plus jeune âge ? Faut-il à l’inverse minimiser ce non-événement (ce ne sont que des enfants de Maternelle…) ou bien saisir l’occasion pour lui apprendre qu’effectivement,c’est son corps, que nul ne doit/devra la contraindre ? N’est-ce pas anxiogène d’insinuer un doute dans sa tête de petite fille ? Comment la mettre en garde ? Ce serait tellement plus simple de pouvoir les prémunir de tout et surtout du pire… Hélas, on ne vit pas à une époque où cela est possible, on ne vit pas dans une société où une jeune fille, jeune femme ou femme peuvent se promener de nuit sans crainte, ou prendre le bus sans se faire arrêter par des « hé mademoiselle ! »

J’avoue que je me sens bien désarmée face à ces questions, consciente de la nécessité de l’alerter, effrayée à l’idée de lui donner à voir un monde parfois bien sombre et abject, mais convaincue qu’il faudra lui donner les clés, pour que ce ne soit jamais #hertoo.

Alors oui, ce n’était « rien », ce n’était qu’un petit bisou de camarade de classe mais c’était un petit bisou dont elle n’avait pas envie (et ça « Maman Louve-qui-boit-des-mojitos » elle n’aime pas trop…)

J’avais aperçu sur Twitter une illustration afin d’expliquer le consentement aux enfants, je pense que je vais l’utiliser afin d’aborder le sujet si elle m’en reparle prochainement.

Infographie reproduite avec l’aimable autorisation d’Elise Gravel dont je vous invite à découvrir les oeuvres.