Les petits riens…

C’est pas grand-chose, trois fois rien, et pourtant c’est tellement tout. 

C’est son souffle dans ma nuque qui murmure un « maman je t’aime et je t’adore », c’est une main qui me serre un peu plus fort quand l’orage gronde, ce sont des éclats de rire qui brisent le silence d’une journée pesante. C’est aussi une danse improvisée avec Elles en chantant à tue-tête après avoir fait taire les « j’en peux plus-mais c est pas possible- vous ne pouvez pas faire un effort et rester sages- je suis fatiguée ! »

C’est tout ça et tout ce qu’on ne voit pas. Les étoiles dans les yeux en préparant le gâteau au chocolat du dimanche, la confiance qui se créé avec des  « oui, je suis capable », la fierté d’un « tu vois Maman, je sais lire », c’est un dessin improvisé, une chanson inventée, une promenade sous un soleil d’automne. 

C’est ce lien invisible mais présent, puissant entre deux petites filles, deux sœurs qui s’apprivoisent, se chamaillent mais se jettent dans les bras l’une de l’autre dès que l’une pleure. 

Ce sont des nuits de fièvre sans sommeil, des nuits à essuyer des larmes, des craintes, des angoisses, des cernes qui se creusent, des rides qui apparaissent, des cheveux blancs par dizaines, des souffles courts par trop de questions. 

Qu’est ce qu’on gardera de ces petits riens ? De ces instants qui paraissaient si difficiles ? Des premières nuits, des pics de croissance, de cette impression de vertige face à la responsabilité d’une autre vie que la sienne, de ces soirs d’attentats où figée devant les chaînes d’infos en continu, je les serrais contre moi comme pour me rassurer qu’il y aurait un jour d’après, comme pour me persuader que la vie continuerait… On oubliera les cris, les pleurs, les bagarres, les chambres en désordre,on oubliera les « je vivrai avec toi pour toujours » à l’âge où les parents représenteront ce qu’il faut haïr. 

Mais dans mes petits riens,je n’oublierai pas la bouffée d’amour pur quand je vais les voir avant de me coucher (every single night, quel que soit le nombre de mojitos bus) pour border une couette, ramasser un doudou, replacer une mèche sur un front humide. Les petits riens du quotidien, les pas grand-chose d’une vie… les tout qui nous font grandir.